Un article Agroreporter Que cache la feuille de vigne?

Posted By Eric Navarro on 16 avril 2016 | 0 comments


 

QUE CACHE LA FEUILLE DE VIGNE ? 

 L’analyse de végétal est complémentaire à l’analyse de sol. Au laboratoire, une différence essentielle entre ces deux outils est le fait que dans le sol on ne dose pas, contrairement aux végétaux, l’élément minéral « total », mais la fraction estimée disponible aux racines. La base de l’interprétation de l’analyse de sol est la nécessaire distinction à faire entre la notion de présence et la notion de disponibilité. On pourrait donc penser l’analyse de végétal plus accessible. Mais  son développement se heurte à d’autres difficultés, notamment la multiplicité des facteurs de variabilité qui rendent son interprétation délicate et le fait que, travailler sur des organes qui évoluent dans le temps, oblige à caler très précisément les stades de prélèvement et les référentiels d’interprétation. L’objet de cet Agro Reporter est de rappeler et positionner les différentes analyses de végétaux disponibles en viticulture. Voir Agroreporter « Gros plan sur le prélèvement en vigne » et « Prends garde à la couleur des feuilles ».

APPROCHE GLOBALE

Comme pour toute plante pérenne, la nutrition de la vigne doit satisfaire à 3 types de besoins : pour l’axe végétatif, pour la production de l’année et pour la préparation de l’année suivante. A chacun de ces axes correspond un type d’analyse (voir figure 1)  qui sera choisi en fonction des objectifs.       

Les 3 types de besoins de la vigne                  

Il est important de préciser que les prélèvements des minéraux pour ces trois axes de consommation ne se font pas en même temps. Ainsi, sauf en cas de manque, excès ou déséquilibre important, les informations données par les trois types d’organes (feuilles, baies et bois) ne seront pas forcément les mêmes. On peut, par exemple, avoir des baies, ayant subi des difficultés hydriques estivales, déficitaires en azote (au point de poser des problèmes pour les moûts), puis  avoir des bois correctement pourvus en azote (assimilation en post-vendange en période humide). La nutrition de chaque organe subit en effet les conditions climatiques de la période correspondante (voir figure 2).

Le choix de l’organe à analyser se fera donc en fonction des objectifs de l’analyse et de la problématique visée.   

Les 3 phases physiologiques de la vigne   

 ANALYSES CARACTERISANT LA PHASE VEGETATIVE

Il s’agit des analyses de pétioles, limbes ou de feuilles entières (très   peu usitées en France), voir figure 3. Ces analyses  sont utilisées pour caractériser la phase végétative (quel est l’état nutritionnel de ma vigne à un moment donné ?) ou répondre à une question précise (les symptômes de décoloration observés sur les feuilles ont-ils une origine nutritionnelle ?).

Quatre périodes de prélèvement sont référencées :

  • Véraison : en général le prélèvement se fait à la mi-véraison ; stade le plus normatif, pour lequel les références sont les plus nombreuses et avec le minimum de variabilité de composition des organes ; par contre ne permet pas d’envisager des interventions sur l’année ; utilisé pour la comparaison d’une année sur l’autre ou en suivi de plusieurs prélèvements sur une année
  • Floraison : (en général, début stade I ou 23) ; il sera important à ce stade précoce de veiller à bien respecter la règle de prélèvement de feuilles adultes entièrement développées, la composition des organes y étant encore assez variable ; ce prélèvement permet d’envisager d’éventuels apports ultérieurs (par voie foliaire ou irri-fertigation).
  • Nouaison : remarques assez proches de celles du stade floraison
  • Maturité : période de prélèvement peu usitée, sauf en cas de suivi

Quel organe prélever 

 ANALYSE DE LIMBES OU ANALYSE DE PETIOLE ?

Il y a deux façons de répondre à cette question : l’objectif de l’analyse et la praticité.

Au départ, l’analyse de pétiole n’était destinée qu’à caractériser les teneurs en cations, potassium et magnésium, à détecter un déséquilibre entre ces deux éléments et expliquer des symptômes visuels (dessèchement de la rafle…). Le pétiole est en effet plus « fin » que l’analyse de limbe sur les cations dans la mesure où il caractérise mieux les flux de potassium. Par contre, le pétiole est moins précis que le limbe sur tous les autres éléments minéraux (voir tableau 1).

Le pétiole est par contre beaucoup plus pratique à prélever, conditionner, transporter et préparer au laboratoire.

Ainsi :

– Si l’objectif de l’analyse concerne un problème de potassium et magnésium : => prélever des pétioles

– Si l’objectif de l’analyse est de vérifier que les conditions nutritionnelles sont correctes, sans problème apparent sur la parcelle, sur la base d’un suivi pluriannuel :   => prélever des pétioles

– Dans tous les autres cas (surtout s’il s’agit de l’identification d’un problème éventuel en oligo-éléments, azote ou phosphore ou de la caractérisation d’une parcelle non suivie) : => prélever des limbes.

 ANALYSES CARACTERISANT LA PHASE FRUCTIFERE

Il s’agit des analyses de baies. On distingue deux périodes de prélèvement :

  • Courant juillet : pour apprécier la composition minérale des baies, prévoir une éventuelle intervention (azote foliaire le plus souvent pour anticiper des difficultés de fermentation des moûts ou des risques de pertes trop rapides d’acidité) et comprendre la fonctionnement de sa vigne. L’utilisation de ces analyses se développe dans la mesure où c’est bien la production et sa qualité qui intéresse le viticulteur. « Belle vigne sans raisin ne vaut rien ».
  • A maturité : ces analyses concernent plus les laboratoires d’œnologie et l’aspect qualitatif, même si la connaissance de la composition minérale des baies à la récolte est une information fondamentale pour le comportement en vinification.

 ANALYSES CARACTERISANT LA MISE EN RESERVE

Il s’agit des analyses de bois (sarments), utilisées pour apprécier la qualité de mise en réserve. Leur originalité est de prendre en compte non seulement l’aspect minéral mais aussi l’aspect organique (glucides).

Cette analyse, qui fait le constat de l’année écoulée et donne le potentiel du cep au redémarrage de la végétation pour l’année suivante, se développe beaucoup. Cela permet d’avoir maintenant de nombreuses références, bien régionalisées. Un obstacle à son utilisation reste cependant sa complexité de lecture qui sera très facilitée dans la nouvelle visualisation que préparent les physiologistes d’AUREA Agrosciences, pour la rendre encore plus opérationnelle.

A noter que le prélèvement est maintenant possible à partir de la mi-chute des feuilles, les références étant bien établies.

DIAGNOSTIC PHYTOPATHOLOGIQUE

En plus des analyses « nutritionnelles »  énumérées ci-dessus, AUREA Agrosciences réalise également des diagnostics phytopathologiques pour détecter, identifier et caractériser les agents pathogènes avec des méthodes Immuno‐Enzymatiques ELISA et de Biologie Moléculaires PCR et qPCR.

L’analyse de végétal est  un outil complémentaire à l’analyse de sol, soit pour identifier un dysfonctionnement de la vigne, soit pour valider un itinéraire technique. Le choix de l’outil le plus adapté se fera en fonction de l’objectif de l’analyse. L’équipe d’agronomes d’AUREA Agrosciences est à votre disposition pour vous guider et construire avec vous l’itinéraire analytique le plus approprié.

Article coordonné par : Alain KLEIBER – Référent nutrition végétale (Auréa AgroSciences) –