Réduire la consommation d’intrants

Posted By Eric Navarro on 12 février 2016 | 0 comments


Réduire la consommation d’intrants,

c’est (aussi) bon pour le climat

 

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publication du 9 décembre 2015 Site du ministere de l’agriculture

 

L’agriculture a un rôle à jouer dans l’éventail des solutions contre le réchauffement de la planète. En agissant sur le sol, les agriculteurs disposent d’un levier-clé pour limiter les émissions de carbone dans l’atmosphère. Et réduire l’utilisation de produits phytosanitaires est l’une des actions vertueuses pour relever le défi climatique.

La COP21 qui se tient jusqu’au 11 décembre 2015 à Paris est l’occasion d’aborder les solutions pour lutter contre le réchauffement climatique dans tous les secteurs d’activité. Dans ce domaine, les agriculteurs possèdent un moyen d’action performant : les sols, qui sont de véritables puits à carbone. Explications.

Les sols, une partie de la solution climat

« Le sol est un atout considérable dans les stratégies de lutte contre le changement climatique, mais l’enjeu ne rencontre que peu d’écho », observe Jérôme Mousset, chef du service agriculture et forêt à L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). L’explication est simple. Lorsqu’un végétal reçoit de la lumière, il absorbe le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’air et rejette de l’oxygène. Ce phénomène d’échange gazeux se nomme photosynthèse. Le carbone absorbé pénètre ensuite dans les solsvia les racines des plantes et la décomposition des végétaux. La terre stocke ensuite le CO2sous forme de matières organiques, celui-ci n’est donc pas rejeté dans l’atmosphère et ne participe pas au réchauffement climatique.

Selon l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), si on augmentait les capacités d’absorption des sols du monde entier de0,4 % par an (règle dite du « 4 pour 1000 »), il serait possible de compenser la totalité des gaz à effets de serre produits par la planète sur la même période. Si l’objectif est certes difficilement généralisable à l’ensemble des surfaces du globe, cette piste est désormais étudiée avec attention. Ainsi, dans le cadre de la COP21, Stéphane Le Foll, ministre chargé de l’Agriculture et Porte-parole du gouvernement, a lancé l’initiative « 4 pour 1000 » pour améliorer la captation de carbone par les sols au niveau mondial. Un chantier prometteur qui associe d’ores et déjà une centaine de pays.

En France, toujours selon l’INRA, entre 2002 et 2013, le potentiel de stockage du carbone des terres agricoles se situerait entre 1 et 3 millions de tonnes par an pendant vingt ans. Concrètement, les surfaces cultivées contribueraient déjà à réduire les émissions annuelles de carbone en France de 3 à 4 % ! En 2013, l’Hexagone a émis 492 millions de tonnes de gaz carbonique. Le Gouvernement ambitionne de ramener ce chiffre à 353 millions à l’horizon 2028, en mobilisant tous les secteurs économiques. En optimisant le potentiel carbone de ses terres cultivées, l’agriculture peut apporter sa pierre à l’édifice.

Intrants en baisse, fertilité des sols en hausse

Pour que le sol joue pleinement sa fonction de « puits à carbone », il faut donc que la terre soit riche en matière organique. Pour donner un ordre d’idée, les prairies et les forêts capturent entre 80 et 90 tonnes de CO2 par hectare, contre respectivement 30 et 60 tonnes seulement dans les zones d’agriculture conventionnelle. L’utilisation intensive de produits phytosanitaires nuit, en effet, à la faune et la flore souterraines, et contribue à appauvrir la terre en matière organique. Leur application provoque également des changements importants dans la composition biologique des sols. La solution passe donc par des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement et le recours aux techniques issues de l’agro-écologie.

L’agriculteur, un acteur pro-climat

Parce qu’ils sont en lien avec la terre, les agriculteurs ont entre leurs mains un instrument efficace contre le réchauffement climatique. Mais concrètement, comment agir ?

Dans le cadre de la campagne de communication « C’est bon pour le climat ! », les Chambres d’Agriculture ont identifié plusieurs leviers, comme :

  • l’implantation des haies bocagères pour délimiter les parcelles: ces surfaces permettent de réduire l’érosion des sols, de favoriser la biodiversité et de retenir davantage de carbone ;
  • le développement des couverts en interculture: composés des repousses et des cultures implantées entre deux cultures principales, ces couverts permettent à la fois d’accroître letaux de matière organique et la séquestration de carbone par les sols. Ils peuvent également aider à maîtriser le développement des bioagresseurs sans passer par l’utilisation de produits phytosanitaires.

A cela s’ajoute le recours aux techniques culturales simplifiées, qui permettent de limiter le recours au labour. Le sol n’étant pas ou peu perturbé mécaniquement, son activité biologique augmente, ainsi que sa teneur en matière organique.

Ces solutions innovantes font écho aux objectifs du plan Ecophyto II. Celui-ci met en place une série d’outils pour réduire progressivement l’utilisation des produits phytosanitaires, notamment :

  • le Bulletin de Santé du Végétal ;
  • le Certiphyto;
  • la mutualisation des bonnes pratiques via le réseau de fermes pilotes DEPHY

Ils ont tous pour point commun de favoriser des pratiques agricoles qui permettent d’améliorer la santé des terres cultivées, sans passer nécessairement par le recours aux intrants. Et ce qui est bon pour les sols est bon pour le climat !